Qu’est-ce que la politique d’investissement ?
La politique d'investissement est la définition juridique de la stratégie d'investissement du fonds.
Toute société doit avoir un objet social, c’est-à-dire une définition de son activité. Les fonds d'investissement ont non seulement un objet social, mais aussi une politique d’investissement. Celle-ci est la définition précise de ses activités d’investissement. En définissant sa politique d’investissement, le fonds trace le chemin qui sera le sien dans ses prises de participation.
La politique d’investissement dépend du manager, de ses équipes et de son expérience. Un entrepreneur issu de la tech dans la Silicone Valley sera en mesure d’identifier des opportunités sur ce créneau. Ses investisseurs ne voudraient pas qu’ils prennent des risques en investissant dans les infrastructures en Afrique.
Plus la politique sera détaillée, plus le chemin sera borné. Il convient de trouver le juste milieu entre la délimitation de la compétence du manager et la possibilité de saisir des opportunités inattendues.
Les managers de fonds auront donc une préférence pour une politique d’investissement souple, alors que leurs investisseurs voudront la resserrer sur la compétence du manager. Si un médecin gère un fonds, il aura peut-être envie d’élargir sa politique d’investissement à des sociétés dans l’alimentaire pour ne pas manquer une opportunité dans ce secteur proche. Ses investisseurs y seront réticents en considérant qu’il ne doit pas trop s’éloigner du médical.
- Quels éléments figurent dans la politique d’investissement ?
Le fonds y indique dans quelle zone géographique il entend chercher et acquérir des cibles : il peut se concentrer sur des sociétés américaines, françaises ou encore de l’union européenne. Parfois, le fonds s’intéressera à des sociétés sur les cinq continents.
Il y décrit le secteur d’activité : les technologies, les infrastructures, l’immobilier, les énergies… La politique d’investissement peut être plus ou moins précise : certaines se contenteront d’évoquer les technologies, d’autres des technologies vertes, d’autres encore des technologies dans la biomasse.
En principe, les cibles doivent aussi y être décrites. La politique d’investissement peut décrire leur taille, leur effectif ou encore leur maturité. Très souvent, la politique d’investissement s’intéresser à l’éventuelle cotation de ses sociétés : un fonds de private equity n’investira, comme son nom l’indique, que dans des sociétés non cotées, alors qu’un hedge fund que dans des titres cotés.
La stratégie d’acquisition est elle-aussi détaillée, selon qu’elle soit majoritaire, minoritaire ou peut-être de co-investissement. La politique d'investissement peut aussi définir une fourchette quant aux montants investis.
- Quelles conséquences en cas de non-respect de la politique d’investissement ?
Plus la politique d’investissement sera précise, plus le fonds aura les mains liées. S’il dévie de la politique d’investissement, il sera en violation des statuts. Sa responsabilité contractuelle pourra être engagée. Pire, ses souscripteurs ne seront plus, dans certains cas, tenus de répondre aux appels de tranche.
Cependant, le fonds aura toujours la possibilité de s’extraire de sa politique d’investissement au cas par cas. Pour ce faire, il doit obtenir l’accord soit de son comité consultatif, soit de la communauté de ses investisseurs. Il devra expliquer en quoi et surtout pourquoi il aimerait sortir des clous de sa politique d’investissement. Il doit convaincre ses investisseurs que l’opportunité est trop belle et ne doit pas être manquée, bien qu'en dehors des jalons prévus lors de la constitution du fonds.
L’équilibre se trouve peut-être dans le dialogue entre les managers et leurs investisseurs. Hélas, parfois certaines opportunités demandent une réactivité que ne permet pas le dialogue. Les managers peuvent prendre le risque de saisir l'opportunité, puis de faire ratifier cette violation a posteriori.